Retranscription vidéo : « Journée Train Tram Bus (06-10-1998) » Campagne 2020 ASPH

Journaliste

Autre moment fort ce week-end, la journée Train Tram Bus. Et pour l’occasion, l’Association Socialiste de la Personne Handicapée avait décidé de frapper fort dès vendredi matin. Comment une personne handicapée fait-elle pour se rendre sur son lieu de travail avec les transports, en commun en pleine heure de pointe ? C’est une expérience qu’ont tentée quatre handicapés physiques. Les résultats sont détonants. Virginie Peeters.

Gisèle Marlière

Nous nous rendons à La Louvière, à l’heure où les travailleurs partent. Nous partons avec des personnes handicapées qui s’insèrent dans le monde du travail et qui ont voulu tester aujourd’hui s’il y avait  moyen, d’effectivement faire partie de la société du travail.

Voix off

Vendredi, 6h45, quelques handicapés arrivent à la gare de Mons. Leur objectif : se rendre en gare de La Louvière et d’emblée, cela ne sera pas facile. L’entrée dans le hall nécessite déjà l’aide d’une tierce personne. Le train en direction de La Louvière est prévu à 7 heures, au quai 5. La volée d’escaliers rend impossible l’accès au quai. Trop tard, nos quatre cobayes devront prendre le prochain, prévu une demi-heure plus tard. À la SNCB, c’est le branle-bas de combat. On dévie le train en quai 1, pour un accès direct du hall et on apprête la rampe d’accès. Déjà 10 minutes de retard sur l’horaire quand nos amis arrivent à embarquer.

Jean-Marie Huet

Une des principales difficultés de l’accessibilité, c’est qu’on est obligé de prévoir son trajet longtemps à l’avance. Parce que si on doit prévenir pour qu’il y ait du personnel, etc. Or, toute personne peut prendre le train sur un coup de tête et nous on doit prévenir 24 heures à l’avance, donc ce n’est pas possible.

Voix off

Mais arrivé à La Louvière, le cauchemar continue : il n’y a pas de rampe d’accès. On décharge tant bien que mal trois des encombrants passagers, mais Jean-Marie, trop lourd avec sa chaise électrique, devra rester à l’intérieur, et se rendre à Charleroi, où là, il y a une rampe d’accès et reprendre un train en direction de Mons, pour récupérer sa voiture. Le ministre régional de la Personne Handicapée, Willy Taminiaux, est venu par sympathie accueillir les quatre voyageurs. Il est consterné par les événements.

Willy Taminiaux

Ils m’ont dit qu’ils venaient et qu’ils s’arrêteraient à La Louvière. Je dis « ben, c’est normal, j’irai voir, dire bonjour », puisqu’ils m’ont invité si gentiment. Et je trouve que c’est tout à fait édifiant parce que je ne m’attendais pas à ce qu’on ne puisse jamais descendre du train en arrivant ici, à La Louvière.

Voix off

Quand le train redémarre en direction de Charleroi, il accuse déjà 25 minutes de retard à l’horaire. Le chef de gare s’impatiente et les passagers fulminent.

Joël Detraux

Mais… quand je constate ça, c’est une aberration, dans le sens que même quand on voit les réactions des gens dans le train, je trouve ça malheureux quand j’entends, comme le chef de gare, enfin je sais pas, celui qui avait sa radio, vient dire : il faut trouver une solution, maintenant, parce que les gens, dans le train, s’énervent, s’impatientent, s’interrogent. On leur explique le cas, et, de peur de les voir râler, ben, j’ai mon ami ici qui est parti à Charleroi et qui va retourner à Mons. Alors que ces gens, s’ils avaient eu la présence d’esprit de s’interroger et peut-être de proposer leurs services, ça aurait duré deux minutes de moins. Et il serait peut-être arrivé à l’heure.

Voix off

À l’heure où l’on parle d’intégration de la personne handicapée dans le monde actif, cette expérience montre à quel point notre pays est totalement dépourvu de structures adaptées.