Retranscription vidéo : « Thématique : Emploi » Campagne 2020 ASPH

Daniel Tresegnie – Direction Générale Personnes Handicapées

Au niveau des ETA, il y a peut-être des réflexions à avoir sur l’évolution… Il y a déjà eu une évolution malgré tout avec parfois le défaut qu’on dise, au niveau des ETA, que c’est devenu concurrentiel et qu’on doit utiliser les travailleurs les plus rentables. C’est vrai qu’on n’est pas dans l’occupationnel, on est dans un système où il faut, malgré tout, une certaine rentabilité. Il faut produire. Mais, dans certaines circonstances, on est parfois coincés par les normes. Il y a un manque de souplesse peut-être, il y a peut-être un travail à faire, je vais dire entre les différents… mais je crois que c’est dans les projets du gouvernement actuel, entre ETA proprement dites, économies sociales, entreprises à finalité sociale… Il faudrait là tout un travail de réflexion et voir s’il n’y a pas moyen de mieux faire évoluer le secteur. « f »

Andrée Maes – Altéo

Il est évident que, surtout pour les handicapés mentaux, il y a beaucoup d’améliorations entre l’institut des ainés et les homes de jour aujourd’hui. Il y a eu aussi tout le développement des entreprises de travail adapté qui, au point de départ, étaient surtout pensés pour handicapés mentaux, et qui ont évolué énormément.

Marius Hanon – AViQ

Il y a, en tout cas, une grosse prise de conscience que le monde du handicap existe. On voit des règlementations pour l’obligation, les quotas, dans le monde du travail au niveau des administrations, ça existe, ce n’est peut-être pas respecté partout, mais ça a au moins la valeur d’exister. On pourrait imagine le transposer au niveau du privé, mais ça va sans doute exiger un courage politique un peu plus important.

Véronique Duchenne – Belgian Disability Forum (BDF) et Conseil Supérieur National des Personnes Handicapées (CSNPH)

Pour en revenir à l’emploi, le taux d’emploi des personnes handicapées est un des plus mauvais de l’Union européenne. On est avant-derniers, si pas derniers. Par rapport à l’employeur, on est encore trop dans des préjugés. La personne handicapée arrive, elle va être avant tout malade, elle va avoir besoin de soins, comment vais-je organiser mon travail, les aménagements raisonnables ça va me coûter cher… Il faut arrêter de penser comme ça et j’allais dire : on est dans la sensibilisation depuis des années par rapport à l’employeur et ce changement de paradigme ne se fait pas. Quand je me mets du point de vue de l’employeur, il ne parvient pas à comprendre, à intégrer que le parcours de vie de la personne handicapée a fait en sorte qu’il a toute une série de capacités. Et que, finalement, la personne valide est dans un trajet de formation continue, pourquoi la personne handicapée ne peut pas avoir ce trajet de formation pour y arriver aussi ? C’est incroyable, on ne voit que le côté négatif, on ne voit pas le potentiel de la personne.

Quelque part, il y a l’idée des quotas, mais les quotas, c’est encore imposer quelque chose, les quotas, on sait bien que c’est parfois la chasse aux sorcières, c’est de dire à la limite : quelles sont déjà les personnes qui sont handicapées dans ma société, est-ce que je ne pourrais pas les faire passer sous ce quota ? Ce n’est pas ça l’objectif ! L’objectif, c’est d’élargir… Malheureusement, c’est un objectif qui ne se limite pas aux personnes handicapées, je ne sais pas ce qu’il y a en Belgique par rapport aux employeurs, mais quand on voit par rapport aux minorités, que ce soient les personnes d’origine étrangères, par rapport aux personnes handicapées, il y a toujours un tabou, un frein. L’employeur ne se lance pas dans cette aventure, qui pourtant, pour ceux qui ont franchi le pas, j’entends peu d’employeurs qui sont, a contrario, déçus de leur expérience. Ceux qui ont voulu mener le jeu, ceux qui ont voulu jouer la carte du handystreaming, du mainstreaming culturel, ce sont des employeurs qui disent « non, ça a marché ! », alors pourquoi est-ce que cela ne marcherait pas à un niveau plus large ? Je ne sais pas, je n’ai pas la réponse, mais il y a encore de travail à ce niveau-là. C’est clair, c’est clair.

Raymond Philippart – ASPH

Trop peu d’employeurs font appel aux personnes handicapées autistes, entre autres, dans leurs offres d’emploi. Ils répondent oui, mais il y a beaucoup de personnes handicapées qui ne veulent pas qu’on dise qu’ils sont handicapées. Donc là, il y a beaucoup de choses à améliorer aussi.

Frédy – Volontaire ASPH

Mais par exemple moi, quand j’ai perdu la vue, j’ai dû me battre pour continuer à travailler, parce que mon patron ne voulait pas payer les adaptations de poste de travail. Je me suis battu, j’ai obtenu gain de cause, mais ça n’a pas été facile. Il faut montrer qu’on a la volonté de continuer, c’est une chose. Démontrer qu’on a encore des possibilités de faire le travail, on ne va pas dire à 100 %, mais 75 %, et que ce soit suffisamment efficace. Mais j’ai dû obtenir l’aide de la Ligue Braille, on a fait des démarches, aller voir du matériel un peu partout pour que le poste de travail puisse être adapté. Et puis après, j’ai dû convaincre l’un des directeurs du chemin de fer de signer une lettre comme quoi il ne participait pas financièrement. Et donc, ce sont les associations, entre autres la Ligue Braille, qui a financé tout ça. C’était pas facile à obtenir cette lettre de renonciation. C’était il y a 30 ans.