Retranscription vidéo : « Thématique : Enseignement » Campagne 2020 ASPH

Lucie – Volontaire ASPH

Je viens de reprendre des études et donc j’ai un statut spécifique : étudiante à besoins spécifiques, où, en fonction de nos problèmes de santé, on peut demander ce statut et du coup, on peut demander des aménagements plus ou moins raisonnables durant le cursus, principalement durant les examens.

Donc ça, c’est quand même bien parce que, par exemple, j’ai pu passer un examen oral, alors que les autres passaient écrit et moi, passer l’examen à l’écrit et rester assise trois heures à écrire une dissertation, c’est pas possible.

Là, sans problème, j’ai pu le passer à l’oral donc ça, ça m’aide au quotidien. Ça dépend de la bonne volonté du prof. Donc il n’y a pas d’obligation, et du coup, quand on est face à un prof qui est sensibilisé, ça se passe bien. Et quand on est face à un prof qui n’est pas sensibilisé, parfois ça se passe bien et parfois il ne voit pas du tout le problème. Je ne sais pas s’ils se disent : « non, il faut considérer tous les étudiants comme des étudiants normaux ».

Je ne sais pas très bien où ça coince, mais parfois, ça coince.

Iris – Volontaire ASPH

Au niveau des écoles, j’ai l’impression qu’ils commencent aussi à faire attention à ce que, quand une personne en chaise a envie de s’inscrire dans une école, elle puisse s’inscrire. Donc ils mettent une rampe. C’est-à-dire que j’ai suivi des cours d’esthétique à Namur et, à ce moment-là, pour entrer dans le bâtiment, il n’y avait pas de rampe.

Je leur ai demandé pour en mettre une et ils en ont mis une. Donc je pense qu’il y a une amélioration par rapport à l’intégration de la personne handicapée dans les écoles.

Daniel Tresegnie – Direction Générale Personnes Handicapées

Il suffit aussi de voir la difficulté que beaucoup de personnes ont pour s’adresser à une personne handicapée. C’est souvent difficile. C’est souvent difficile pour pas mal de gens, ils ne savent pas, si c’est un handicap physique, ce qu’ils doivent faire pour aider la personne. Pour l’aider ou ne pas l’aider, hein. Il suffit parfois de dire : « si tu as besoin, je suis là ». Il suffit parfois de ça. Il ne faut pas aller plus loin. Il ne faut pas aller décider à la place de la personne.

Il suffit de voir la difficulté à s’adresser à une personne handicapée mentale. Souvent, on ne la regarde pas, on regarde les parents qui sont à côté. Là, il y a aussi maintenant une évolution malgré tout. Mais qui est peut-être encore loin d’être suffisante. De nouveau, je crois que tout ça peut s’apprendre. Il suffit que…Vous mettez des gosses, en école maternelle, dans les premières années primaires, vous mélangez handicapés ou pas handicapés. Il n’y n’aura pas de souci, les gosses, entre eux, vont apprendre très vite à fonctionner ensemble. Mais ils n’ont pas l’habitude, souvent. On… On ségrège, plus qu’autre chose. On les met dans des cours séparés ou…Soit parce que les classes ne sont pas accessibles soit pour un tas d’autres raisons. Parce que… Pour certains enfants handicapés, ils peut-être besoin d’un peu plus d’assistance, etc. Donc ça semble, entre guillemets, ralentir le cours.

Il n’y a personne qui est là pour les aider spécifiquement ou trop peu… Enfin bon. Il y a là aussi tout un travail qui devrait être fait et qui ne l’est pas encore suffisamment maintenant. Ça fait partie aussi partie d’un monde meilleur pour le futur.

André Gubbels – Direction Générale Personnes Handicapées

La Convention des Nations Unies, lorsqu’elle parle justement de l’éducation, ne parle que l’éducation inclusive. Les différents articles. Donc il y a derrière, cette vision que…qui est peut-être moins prégnante en Belgique, sur l’idée que la ségrégation est une discrimination. Ça c’est quelque chose qui peut nous étonner en Belgique. Pourquoi ça peut nous étonner ? Parce qu’en fait, quand nous ségréguons, nous faisons pour le bien. Et la preuve que nous le faisons pour le bien, c’est que quand nous ségréguons, c’est pour nous donner beaucoup plus de moyens. J’insiste. Un enfant, dans l’enseignement spécial reçoit beaucoup plus de moyens qu’un enfant dans l’enseignement normal.

Donc vous voyez pourquoi c’est difficile, pour nous, de voir les choses autrement. L’enseignement est un très grand secteur. Il pose problème, dans la mesure où, j’ai entendu plus d’une fois qu’on fait de l’enseignement, pas pour aboutir à un travail, mais pour occuper des gens. Et ça, ça met un point d’interrogation.

Daniel Tresegnie – Direction Générale Personnes Handicapées

Dans toutes les formations, le manque de formation au handicap. Et pour moi, c’est vrai dans toutes les formations. Que ce soit le médecin, que ce soit l’architecte, que ce soit l’ingénieur… Enfin peu importe. Il devrait y avoir dans les différents cursus, il devrait y avoir une formation au handicap. Je vais prendre le cas des médecins. On va me dire « les médecins… », mais non !Le médecin ne connaît pas le handicap. Il connaît ses patients, il connaît la patientèle, il connaît les maladies…Mais il ne connaît pas le handicap. Il ne sait souvent pas comment l’aborder, il ne sait souvent pas comment aider ou diriger ses patients. Les architectes, c’est la même chose. Bien souvent, le handicap est quelque chose qu’ils ont abordé pendant une demi-heure ou une heure pendant leurs cours et ça se limite à ça. Les règles sont déjà tellement difficiles parce que les règles d’accessibilité ne sont pas les mêmes selon les régions.

Et en plus, il n’y a pas… Il n’y a pas, dans la formation quelque chose qui fait penser à l’avenir. Tout le monde peut devenir handicapé un jour ou l’autre. Et ne fut-ce que vieillir aussi. On vieillit tous. Donc l’accessibilité n’est plus la même un moment donné. La mobilité n’est plus la même à un moment donné, donc les besoins d’accessibilité sont différents. Et ce n’est pas pensé au départ. Et ça, je trouve ça catastrophique, finalement. Je ne jette pas la pierre sur ces travailleurs-là, je jette la pierre sur un manque de formation qu’on devrait leur inculquer dès le départ, dans leur cursus universitaire, haute école, peu importe. Peu importe le métier. Et je dis, c’est vrai à la limite pour quasiment tous les métiers, ce genre de choses. Il faudrait un module qui apprenne aux gens à connaître le handicap, à savoir comment se positionner. Ce qui, dans leur métier, est important de savoir, etc.